Les rebouteux du Morbihan en 1900

Charles Géniaux

Au début du XXe siècle, les rebouteux sont encore des personnages indispensables dans les campagnes morbihannaises, où les médecins sont peu nombreux et leurs tarifs trop élevés pour la plupart des bourses.

Détenteurs de savoirs mystérieux, parfois consignés dans des grimoires familiaux, ces praticiens empiriques replacent les articulations démises, réduisent les fractures, soignent maux de ventre et maux de tête, traitent les enfants comme les anciens… pour quelques sous.

L’écrivain Charles Géniaux (1870-1931), grand connaisseur des coutumes et des traditions rurales de Bretagne, livre ici un récit passionnant sur les rebouteux du Morbihan et leurs pratiques. Un récit (tiré de La vieille France qui s’en va et de La Bretagne vivante) qui dresse aussi un portrait savoureux de la campagne morbihannaise vers 1900.

 

Parution le 21 septembre 2016

  • Stéphane Batigne éditeur, 2016
  • 68 pages
  • 10 x 15 cm
  • ISBN : 979-10-90887-50-3

Extrait

Un jeune ouvrier charron se faisait soigner les vertèbres du cou. Il prétendait être tombé du haut d’une charrette sur la tête et souffrait depuis cette époque d’un désagréable torticolis.

« Figurez-vous, monsieur, me disait le pauvre garçon, que maintenant j’ai le cou de travers et que lorsque je travaille je suis obligé de regarder mon ouvrage de côté, ce qui me fait loucher. »

Il était évident qu’une telle situation ne pouvait se prolonger ; aussi deux et trois fois par jour, en costume de charron et le tablier de cuir aux jambes, le jeune homme s’échappait de l’atelier de son patron pour suivre le traitement de Josso.

Le rebouteux, après l’avoir fait asseoir, lui prenait la tête à deux mains et la basculait en tous sens, ensuite donnait au cou une flexion continue et terminait en faisant virer le crâne comme un toton.

Congestionné et hagard, l’ouvrier quittait la sellette en jurant qu’il sentait son cou bien plus libre. On le serait à moins.

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